Fin de parcours by William R. Burnett

Fin de parcours by William R. Burnett

Auteur:William R. Burnett [Burnett, William R.]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Policier, Littérature américaine
ISBN: 2869302010
Éditeur: Rivages/Noir
Publié: 1943-01-08T23:00:00+00:00


2

Jim était si préoccupé que, de temps en temps, Gladys lui demandait s’il y avait quelque chose qui le tracassait. Il s’obstinait à répondre par la négative, mais cela ne servait à rien et il finit par lui dire que ses yeux l’embêtaient.

— Oui, commenta Gladys, j’ai remarqué que tu plisses les paupières comme si tes yeux te faisaient mal, surtout au soleil. Je pense que tu devrais les faire examiner, Jim. Il ne faut pas prendre de risques avec ça.

— Oh… ça va s’arranger, dit-il d’un ton désinvolte. J’y vois très bien.

— Le fait d’avoir la vue fatiguée peut entraîner beaucoup d’ennuis. Je le sais bien. J’en ai souffert pendant des années avant de m’en rendre compte.

Elle se tourna et posa la tête sur l’épaule de Jim. Ils traversaient une région calcinée, faisant route vers la frontière. C’était une journée extrêmement chaude avec un ciel d’un bleu métallique et un soleil aveuglant. Des vagues de chaleur dansaient au-dessus du paysage qui était uniformément plat à l’exception de quelques gros rochers, de buissons de mesquite et de cactus géants. Sur la route devant eux ils apercevaient, de temps à autre, des mirages éphémères qui ressemblaient à des mares d’eau peu profondes, comme s’il avait plu récemment. Lorsqu’ils traversèrent une zone de dépression du désert, le mirage avança devant eux pendant des kilomètres puis disparut quand la route tourna. Gladys exprima l’horreur qu’il devait y avoir à se retrouver perdu dans un endroit semblable, puis elle frissonna. Jim abonda dans son sens. Dans le désert, l’homme n’était rien : il comptait moins que le lézard, le coyote ou le sinistre vautour noir.

— Mes yeux ne m’embêtent que quand il y a du soleil, déclara-t-il.

Cela fit rire Gladys. Elle se sentait beaucoup mieux et était davantage redevenue elle-même. Parfois elle paraissait si jeune que Jim devait continuellement faire un effort pour se rappeler qu’elle avait quarante ans.

— Tu sais ce que je pense ? dit-elle. Je pense que tu es trop orgueilleux pour porter des lunettes.

Jim, légèrement agacé, lui jeta un regard.

— Peut-être.

— Moi, c’est pour ça.

Il la regarda à nouveau, en souriant cette fois.

— Tu en as besoin ?

— Si j’en ai besoin ! Je les mets toujours pour lire. C’est le secret épouvantable que je cache soigneusement.

— Ah bon ? Je ne t’ai jamais vue les porter.

— Tu ne m’as jamais vue lire. Dès la fin de notre lune de miel, dans neuf ou dix ans, je recommencerai à m’en servir.

Jim rit puis retomba dans un long silence. Gladys lui jetait continuellement des coups d’œil mais ne disait rien. Ses silences préoccupés l’inquiétaient toujours et elle voulait l’en faire sortir, essentiellement parce qu’elle en était venue à avoir l’impression que lorsqu’il n’avait pas, d’une façon ou d’une autre, conscience de sa présence, elle ne vivait qu’à moitié. C’était un état d’esprit éprouvant contre lequel elle luttait ; d’autant qu’elle s’était rendu compte qu’il prenait de plus en plus d’importance. Et cela expliquait tant de choses sur elle que Jim ne



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